Dans l’éclat séduisant de nos écrans, se cache une réalité moins glamour : l’impact carbone de notre consommation numérique. Sous nos clics apparemment anodins, s’étend l’ombre d’une empreinte écologique qui ne cesse de s’étendre.

Le poids caché de la technologie

L’ère du numérique, avec ses promesses d’innovation et de connectivité, charrie aussi une réalité moins brillante : chaque appareil, chaque service dépend d’une chaîne de production gourmande en énergie et génératrice d’émissions. La France, avec ses millions de tonnes de CO2 émises au nom du numérique, n’est qu’un reflet de ce défi global.

En effet, l’impact carbone du numérique est terrible. Il représente 4% des émissions de gaz à effet de serre. Cet impact est dû au cycle de vie et de recyclage du matériel, au traitement des données dans les data centers, et à l’utilisation des infrastructures pour faire transiter l’information. A titre de simple exemple, le secteur du numérique produit plus de 20 millions de tonnes de déchets par an et en 2020 l’empreinte carbone du numérique était de 16,9 millions de tonnes de CO2, ce qui correspond à 2,5 % de l’empreinte carbone de la France. Et sachant que notre pays ne fait pas partie des plus gros pollueurs en matière de numérique, il y a vraiment de quoi s’inquiéter pour l’avenir de notre planète. Les comportements vertueux s’apprennent. Ils impliquent tous les acteurs de la filière : lutte contre l’obsolescence programmée, réparabilité des équipements.

Les Data Centers, titans énergivores

Au cœur de cette problématique, les data centers consomment et exigent sans cesse plus d’énergie. Malgré une transition vers le renouvelable, le chemin reste long et semé d’embûches pour ces mastodontes de l’information.

Consommation quotidienne et impact invisible

Notre appétit pour le streaming, notre présence quasi constante sur les réseaux sociaux, notre frénésie de communication contribuent à un bilan carbone souvent sous-estimé, un impact invisible.

Nos comportements numériques, souvent jugés immatériels, ont pourtant un impact bien réel. L’énergie dépensée pour nos activités en ligne, du streaming vidéo aux nuits blanches sur les réseaux sociaux, contribue à une consommation énergétique souvent ignorée. Sur le plan des usages, l’hyper connexion favorise la pollution, aussi bien du mental que de la planète. Etre social par excellence, à la fois artiste et artisan bâtisseur de sa propre humanité, Homo Sapiens, de sa naissance à sa mort, est amené à se créer une identité. Or, à l’ère numérique, cette identité ne s’épanouit pas seulement dans un environnement familial, local ou professionnel.

Elle s’épanouit, trouve naturellement sa place, voire selon le cas s’étale également sur les réseaux dits « sociaux ». C’est ainsi qu’Homo Sapiens, tel Janus à deux faces, est aussi devenu Homo Numericus. Communiquer pour tout et pour rien, les selfies, les photos, les commentaires systématiques sur les réseaux, sont un réel facteur de pollution et leur empreinte carbone est colossale. Il y aurait là matière à se demander quelles sont les implications sociétales de ces comportements.

L’Homo Sapiens, dans sa quête d’identité numérique, doit prendre conscience de sa dualité en tant qu’Homo Numericus, dont l’empreinte environnementale est loin d’être neutre.

Vers une transition numérique écoresponsable

Il est impératif de repenser notre rapport au numérique. Durabilité, éthique et sobriété doivent être les piliers d’une nouvelle ère technologique. Cela nécessite une collaboration entre les fabricants, les utilisateurs et les pouvoirs publics. Pour que notre société avance, elle doit impérativement réconcilier progrès technologique et préservation de l’environnement.

Le numérique est à la croisée des chemins. Il est de notre devoir de le guider vers un avenir où sa contribution à notre quotidien ne se fait pas au détriment de la planète. La France, à l’image des autres nations, doit prendre part activement à cette transformation. C’est dans l’équilibre entre innovation et durabilité que se jouera l’avenir de notre empreinte digitale sur l’environnement.

Marianne Dabbadie