Transition vers l’IA, un levier humain pour les collectivités territoriales

La réussite de la transition vers l’IA (Intelligence artificielle) au sein des collectivités territoriales dépend avant tout de l’accompagnement humain et de la qualité des formations proposées. Il s’agit de permettre une appropriation progressive des nouveaux outils par les agents et d’assurer la transformation des pratiques professionnelles sans rupture ni inquiétude.

1. Transition vers l’IA : Accompagner le changement

Aucune transformation ne peut réussir sans accompagnement. L’introduction de l’IA interroge les habitudes, suscite parfois des craintes, et nécessite un cadre rassurant et participatif.

Gérer les appréhensions
La peur de l’inconnu et du remplacement par la machine est fréquente. Il faut donc expliquer que l’IA ne remplace pas les agents, mais les soutient. Elle leur permet de se concentrer sur les aspects les plus humains et les plus valorisants de leur métier.

Impliquer les agents dès le départ
Associer les équipes à la réflexion sur les usages de l’IA favorise l’adhésion. Des ateliers ou séances de co-construction peuvent permettre aux agents d’exprimer leurs attentes et de contribuer activement à la définition des projets.

Éviter le phénomène de “Shadow AI”
Dans de nombreuses collectivités, certains agents utilisent déjà des outils d’IA de manière informelle, faute de cadre. Cette pratique spontanée montre un besoin d’efficacité, mais peut devenir risquée sans accompagnement. La reconnaissance officielle de ces initiatives, et leur encadrement par la collectivité, renforcent la confiance et encouragent un usage maîtrisé et responsable.

Faire de l’IA un compagnon de travail
L’IA doit être pensée comme un allié et non comme un substitut. Son rôle est d’assister, de soulager des tâches répétitives et d’augmenter les capacités d’analyse des agents, tout en respectant la primauté du jugement humain.

2. Former et développer les compétences

L’IA transforme les métiers sans les faire disparaître. Elle fait évoluer les rôles et les savoir-faire, en valorisant la réflexion, le discernement et la relation humaine.

De nouvelles logiques de métier
L’administration devient plus proactive et centrée sur l’accompagnement. L’automatisation libère du temps pour des missions à plus forte valeur humaine : écoute, conseil, proximité et empathie.

Acquérir de nouveaux savoir-faire
Les formations doivent porter sur :

  • L’interprétation des résultats produits par l’IA.

  • L’accompagnement des citoyens dans la compréhension des décisions assistées par IA (par exemple pour les aides, le logement ou l’emploi).

  • Les compétences relationnelles : accueil, conseil, médiation et analyse.

Développer l’esprit critique
Les agents doivent apprendre à vérifier les sources, à repérer les biais et à identifier les “hallucinations” des IA. Cette compétence critique est essentielle pour garantir la fiabilité et la légitimité des décisions publiques.

3. Favoriser une acculturation continue

L’acculturation à l’IA n’est pas une étape ponctuelle, mais un processus continu d’apprentissage et d’appropriation collective.

S’appuyer sur les ressources existantes
Le CNFPT propose déjà plusieurs outils d’acculturation, dont un MOOC accessible et ludique, permettant à chacun de comprendre les grands principes de l’IA en quelques séances. Ces formations abordent notamment les impacts sur les métiers des RH, les systèmes d’information ou la gestion d’infrastructures.

Élaborer une stratégie structurée
Avant toute mise en œuvre, il convient de :

  1. Identifier les priorités et les besoins des services.
  2. Impliquer les agents et les experts concernés.
  3. Co-construire les projets avec un accompagnement humain et technique à chaque étape.

Penser transversalité
L’IA concerne tous les métiers : accueil, rédaction, RH, services techniques, relation citoyenne. Les formations doivent donc être transversales et favoriser les échanges entre services.

4. Maintenir le lien social et informer les citoyens

La transition numérique ne peut être pleinement réussie sans dialogue avec la population. Informer, expliquer et préserver la relation humaine restent des priorités.

Communiquer sur les usages de l’IA
Organiser des réunions publiques, des ateliers citoyens ou des reportages locaux permet de présenter les projets, d’expliquer leurs finalités et de désamorcer les inquiétudes.

Préserver la dimension humaine
Même si des chatbots peuvent gérer les premières demandes, la présence humaine demeure indispensable pour les situations complexes. Le sourire, l’écoute et le contact direct restent les piliers du service public. L’enjeu est d’utiliser l’IA pour renforcer, et non remplacer, le lien entre les citoyens et leurs collectivités.

Conclusion

La réussite de l’intégration de l’IA dans les collectivités territoriales repose sur une alliance entre innovation technologique et intelligence humaine. Former, accompagner, dialoguer et acculturer : tels sont les leviers d’une transition apaisée, constructive et porteuse de sens. L’IA, lorsqu’elle est bien encadrée, devient un moteur de modernisation au service du bien commun.