L’IA au service de la défense et de la sécurité

Le domaine de la défense et de la sécurité s’intéresse depuis longtemps aux techniques d’intelligence artificielle sous leurs nombreuses formes : interfaces humain-machine, traitement de l’information, robotique, etc.

Dans les prochaines années, l’utilisation de l’intelligence artificielle sera une nécessité pour assurer les missions de sécurité, conserver l’ascendant face à nos adversaires potentiels, tenir notre rang par rapport aux alliés (aussi bien au sein de coalitions que dans une perspective d’export) et maintenir un niveau de qualité élevé concernant les services dispensés à l’ensemble des personnels des ministères.

Une des différences réside notamment dans le lieu qui représente le théâtre du conflit : extérieur (opérations militaires), intérieur (sécurité intérieure) voire même virtuel (cyberdéfense).

Le domaine est très mature et extrêmement riche en cas d’usage et données à haute valeur ajoutée pour des usages d’IA : imagerie (notamment satellitaire, drones, hyperspectrale), vidéos, signaux électromagnétiques (radars), systèmes de combat, renseignement, cybersécurité, robotique (aéronautique, marine, terrestre), données de maintenance, etc.

La nécessité d’une IA régalienne et ses spécificités

L’IA crée avant tout une opportunité pour améliorer le quotidien de l’ensemble des métiers et des citoyens. Contrairement à certaines idées reçues, les premières applications identifiées relèvent de sujets du quotidien. Parmi les pistes, on peut évoquer : le filtrage des appels d’urgence arrivant aux 17-18-112 pour désaturer, mieux prioriser et cibler ; la gestion de crise par la gestion des interventions et de l’information ; la réduction de l’accidentologie et du nombre de morts sur les routes. La réalisation de ces applications relève de l’intérêt général et en améliorant la qualité du service public et de son exercice.

La cyberdéfense et la cybersécurité évoluent dans ce même contexte de tsunami informationnel et de complexification constante des menaces. Si les moyens d’analyse automatiques permettent jusqu’à présent de détecter des attaques déjà connues, la mise en oeuvre de techniques d’IA permet aujourd’hui d’imaginer des capacités de détecter, parer voire répondre à des attaques qui étaient jusqu’à présent inconnues.

L’IA est également un moyen de protection pour nos forces et pour ceux qui assurent leurs missions au quotidien. on peut citer à titre d’illustration la reconnaissance et la cartographie 3D de bâtiments en zone ennemie, ou encore le déminage (terrestre et maritime notamment) qui pourrait être effectué par des robots. Ces deux exemples montrent que dans certaines applications, il est possible d’utiliser des techniques d’IA pour préserver des êtres humains et limiter le niveau de risque auquel ils sont exposés. Dans le contexte du combat, l’IA permet d’outiller l’échelon de commandement pour faciliter l’accès à l’information et assister ainsi sa prise de décision, C’est enfin un facteur déterminant dans la performance et l’augmentation des systèmes de combat, notamment pour des fonctions support telles que la logistique et de la maintenance.

Quel que soit l’usage, les missions régaliennes nécessitent de prendre en compte certains aspects spécifiques pouvant être contraignants techniquement, notamment dans la conception des systèmes impliquant de l’IA :

  • la sécurité et la protection des systèmes nécessitent d’être particulièrement renforcée et adaptée au contexte d’utilisation. En effet, les conséquences d’attaques en cas de vulnérabilité peuvent être importantes ;
  • la gestion des informations (classifiées à de multiples niveaux, éventuel¬lement judiciaire), la protection du secret et du droit d’en connaître en particulier lorsqu’elles impliquent de grands volumes de données ;
  •  l’interopérabilité avec d’autres systèmes, en particulier dans le cas de coalitions ou d’échanges internationaux ;
  • la répartition géographique des opérations et la multiplicité des modes de déploiements, de l’échelon central en métropole jusqu’aux théâtres d’opérations extérieures, y compris embarqués comme par exemple dans des bateaux ou des systèmes aéronautiques.
  • le besoin de fiabilité (entre humains, entre humains et machines…) et de contrôle accru dans un contexte où l’IA peut trouver sa place dans des applications critique (pilotage par exemple).
  •  enfin, sur ces technologies qui évoluent à grande vitesse, il est impératif pour les techniciens et experts de se tenir au courant par la participation régulière à des forums, conférences, colloques internationaux, bien sûr dans le respect de la confidentialité qui s’impose aux actions les plus sensibles.

L’importance de la dimension opérationnelle a été soulignée pour faciliter l’expérimentation et les développements au plus près des utilisateurs finaux. En effet, celle-ci est cruciale pour faciliter les démarches d’expérimentation, de conception itérative et de déploiement de produits. Pour y parvenir, il faudra permettre des expérimentations opérationnelles sur le terrain ou dans les centres d’essais pour donner vie à un living lab dans l’État.