L’Ascension des technologies Bioniques : De la fiction à la réalité

Autrefois reléguée au rang de science-fiction, la fusion de la technologie sans fil et du corps humain est désormais une réalité palpable. Les dispositifs connectés, tels que les moniteurs de fréquence cardiaque et les trackers de sommeil, ne sont plus des gadgets futuristes, mais des éléments intégrés à notre quotidien. Cette évolution fulgurante soulève une question cruciale : quel impact l’Internet des Corps aura-t-il sur notre futur ?

L’Internet des Corps : Un écosystème connecté

L’Internet des Corps (IoB) n’est pas un simple concept ; c’est un écosystème dynamique de dispositifs interconnectés. Ces appareils, dotés de logiciels avancés, ne se contentent pas de collecter des données de santé ; ils ont le pouvoir de transformer notre fonctionnement corporel. L’IoB représente l’ensemble de ces dispositifs et des précieuses données qu’ils accumulent.

Une révolution dans les soins de santé

L’impact potentiel de l’IoB sur le secteur de la santé, est monumental. Imaginez des plans de traitement personnalisés, élaborés à partir de données de santé détaillées et spécifiques à chaque individu. Des pilules équipées de capteurs électroniques aux traitements de médecine de précision, l’IoB promet une ère de soins sur mesure. Cependant, cette révolution ne se fera pas sans défis.

L’internet des corps : un concept douteux sur le plan éthique

Le concept d’« Internet des Corps » (IdC ou IoB en anglais), a été introduit pour la première fois en 2014 par Meghan Neal dans un article pour Vice intitulé « L’internet des corps arrive, et vous pourriez vous faire pirater ». Dans cet article, Neal explore la manière dont les innovations de Google ont étendu l’idée populaire de l’« Internet de X » – initialement appliquée aux objets comme les plantes et les appareils ménagers – au corps humain. Elle souligne que, tout comme les ordinateurs, les réfrigérateurs ou les assistants vocaux, les êtres humains sont en train de devenir des entités connectées à Internet, ouvrant ainsi un nouveau chapitre dans l’ère de la connectivité numérique. Quand le corps est assimilé à un objet, il n’y a qu’un pas vers la standardisation. Le Transhumanisme, nous y sommes déjà !

Le transhumanisme, en effet, propose une vision radicalement différente de la perfectibilité humaine, se détachant de l’idéal humaniste traditionnel. Plutôt que de chercher à améliorer l’homme et la société, ainsi que les conditions de vie, par des actions politiques, le transhumanisme se concentre sur l’amélioration de l’être humain lui-même à travers des avancées technoscientifiques. Cette approche adaptative représente un changement significatif par rapport à la philosophie des Lumières, qui valorisait l’autonomie sociale et politique de l’individu. En somme, le transhumanisme suggère de « changer l’être humain plutôt que changer le monde », marquant ainsi une rupture notable avec les principes humanistes établis.

Les risques d’un marché non réglementé

Vous avez bien lu, l’internet des corps, l’internet de Votre Corps, est un marché. Un marché en pleine expansion. Nous n’en sommes pas à l’immortalité, mais la « médecine exponentielle » combine déjà le diagnostic anticipé (avant symptômes), la réparation de nos organes, la régénération de nos cellules, la cartographie et la modélisation de notre cerveau, le séquençage voire la modification de notre ADN, le prolongement de la bonne santé et celui de la durée de vie. Les réalisations dans ce domaine posent des problèmes de sécurité, d’éthique, aussi bien que des problèmes juridiques. L’absence de réglementation claire dans le domaine émergent de l’internet des corps, expose à des risques significatifs, notamment en matière de cybersécurité et de confidentialité des données. Les implications de ces risques ne sont pas négligeables, allant de la sécurité personnelle à la sécurité nationale. Ceci existe déjà tout autour de vous.

Un ami m’a expliqué il y a peu, qu’il avait reçu un appel de l’hôpital où son pacemaker avait été implanté. « Monsieur, votre pile est en train de faiblir. Venez nous voir ». Les données avaient été transmises par internet via la connexion wifi de son pacemaker, tout simplement. Ceci peut certes sauver des vies. Mais imaginons un instant que le signal wifi de votre pacemaker soit piraté ? Non. Passons à autre chose. Mais il faudra, tôt ou tard s’en préoccuper.

Un autre exemple : les appareils auditifs connectés qui s’adaptent à l’environnement sonore. Les données de l’environnement sonore d’une personne, sont transmises par internet à un central technique. L’appareil est automatiquement adapté pour une meilleure audition. Mais on est en droit de se demander quelles données de l’environnement sonore d’une personne sont transmises, et, de ce fait, les conséquences qui en découlent sur la confidentialité des échanges privés. Quel est, par exemple, le niveau de respect du RGPD, par les fournisseurs de technologies de prothèses auditives ? On pourrait décliner les exemples de ce type à l’envi. Alors, est-il déjà trop tard ? Il est certainement temps, quoiqu’il en soit, de s’en préoccuper.

La responsabilité des consommateurs

Dans un monde où la technologie évolue plus rapidement que la législation, la responsabilité incombe aux consommateurs et aux patients. Il est essentiel de comprendre les dispositifs IoB utilisés et le devenir de leurs données. La prudence est de mise, car les données collectées par ces dispositifs pourraient être plus intimes que tout ce que nous avons connu jusqu’à présent.

Naviguer avec prudence dans l’ère de l’IoB

L’Internet des Corps offre des possibilités fascinantes, mais il est crucial de naviguer dans cette nouvelle ère avec une conscience aiguë des risques potentiels. En tant que consommateurs et citoyens, nous devons rester vigilants et informés pour tirer le meilleur parti de cette technologie révolutionnaire, tout en protégeant notre vie privée et notre autonomie personnelle.

Au-delà du statut de consommateur ou de simple citoyen, dans l’univers fascinant et en constante évolution de la technologie, une question se pose avec acuité : devons-nous considérer notre corps comme un sanctuaire inviolable, ou comme une ressource à optimiser ? Cette interrogation prend une dimension particulière avec l’émergence des puces et implants, qui franchissent la frontière de notre peau et nous poussent à redéfinir notre rapport au corps.

Le corps : Un sanctuaire inviolable ?

D’un côté, il y a ceux pour qui le corps est un sanctuaire, un espace sacré et inviolable. Cette vision peut être ancrée dans des croyances religieuses, où le corps, tout comme la vie, n’est pas considéré comme une propriété personnelle. Mais elle peut également s’enraciner dans une perspective laïque, où le corps, en tant que dernier vestige tangible de notre être après la mort, mérite un respect particulier. Dans cette optique, le corps est entouré d’une aura d’intimité et d’interdits, perçu comme une partie de nous-même à part, chargée de significations profondes. Il peut être idéalisé comme un trésor à préserver, ou au contraire, vu comme le siège de notre animalité, une partie de chair et de sang que l’on préfère ignorer.

De l’autre côté, certains voient le corps comme un terrain fertile, une ressource à cultiver et potentiellement à monétiser. Pour eux, la distinction entre intérieur et extérieur est floue, et la barrière de la peau, une limite artificielle. Le corps est considéré comme dynamique, en constante évolution. Dans cette perspective, un implant sous-cutané est vu au même titre qu’une prothèse externe, un outil pour transcender notre corporalité. Cette approche peut même mener à une certaine forme de marchandisation du corps, ou à son utilisation à des fins commerciales.

Ainsi, face à l’avancée des technologies corporelles, nous sommes confrontés à un choix fondamental sur la manière dont nous envisageons notre propre corps : comme un sanctuaire à protéger ou comme un continent à explorer et exploiter.