Le pire est-il toujours certain ? Les univers virtuels peuvent-ils concourir à nous faire prendre conscience de notre humanité ?
Les univers virtuels sont des mondes créés de toutes pièces. Ils induisent une projection dans un univers parallèle. Face à un écran, le mental conserve son autonomie par rapport au monde virtuel proposé. Mais avec un casque de réalité virtuelle, la réalité est saisissante. C’est comme dans un rêve. Quand vous rêvez, vous ne savez pas que vous rêvez. Vous êtes réellement dans ce monde que vous avez construit. Dans le contexte des univers virtuels, il s’agit d’un monde préfabriqué par un acteur économique, mais également co-construit avec les internautes que vous rencontrez dans ce monde virtuel. Il y a interaction. Emotionnellement, on constate une dissociation d’avec le mental. Ce sont vos émotions qui vous disent que vous êtes dans un monde vrai et le masque de votre avatar devient réalité, car votre cerveau ne fait plus la différence d’avec le monde que vous connaissez depuis toujours. Sur le plan émotionnel, cela favorise le meilleur comme le pire, selon les situations que vous allez vivre dans ce contexte.
Déplacement des repères
S’il s’agit par exemple de formation, les conditions de l’apprentissage sont pleinement réunies. S’il s’agit de jeux virtuels qui jouent avec les codes et repères de la vie et de la vie et de la mort, les conséquences peuvent être graves. En déplaçant vos repères le monde virtuel va induire des biais cognitifs, qui aboutiront à de nouveaux comportements, parfois très différents de ce que vous aurait dicté la logique dans le monde réel. Mais le problème est que vous rentrez à la maison avec ces acquis. Les lignes ont bougé. En mettant le chapeau noir je répondrai que cela peut favoriser toutes sortes de manipulations. Les chinois et les américains, chacun à sa façon, sont très doués pour cela. En effet, la gigantesque illusion d’amour et de haine mêlées, générée par les interactions d’un algorithme dont les fondateurs eux- mêmes semblent aujourd’hui avoir perdu le contrôle, provoque une addiction qui conduit à l’enfermement. Mais le pire n’est pas toujours certain et les situations rencontrées ou provoquées dans le monde virtuel peuvent faire évoluer la pensée de façon positive, et permettre en effet, de créer de nouveaux modes de fraternité. Et, au-delà du miroir, quand le masque tombe et que se dévoile la lumière, c’est là que je réalise qu’en réalité, l’enfer-me-ment.
Et la Liberté de conscience ?
Le biais cognitif créé par la conscience de notre humanité, conduit à mettre à bas mes constructions illusoires, pour jeter les bases d’un nouvel univers mental et spirituel, vecteur de liberté. Ce que je vis alors c’est un nouvel ordonnancement des concepts, de la vie et de l’élan du cœur, basé sur l’humain et son indicible capacité à substituer l’amour à l’illusion, l’être à l’avoir, pour créer de la fraternité.
Marianne Dabbadie