Nous vivons un moment charnière. La transition vers l’IA est un de ces moments où les choix que nous faisons aujourd’hui détermineront la manière dont nous vivrons demain. L’intelligence artificielle n’est pas un gadget de plus. Ce n’est pas une simple évolution technologique. C’est une révolution du regard que nous portons sur le travail, sur le savoir, sur le rôle de l’humain dans la société. Et cette révolution, si nous voulons qu’elle soit une chance, doit être accompagnée. Pas subie. Pas déléguée à des experts. Accompagnée, collectivement, avec méthode, avec éthique, avec intelligence — la nôtre, bien réelle.

Accompagner la transition vers l’IA : remettre l’humain au centre

Chaque transition technologique a fait naître ses peurs : la machine, l’automate, le robot… et aujourd’hui l’IA.
Mais la peur n’est pas une faiblesse. Elle est un signe de lucidité.
Face à l’IA, les agents publics s’interrogent : quelle sera ma place ? Mon rôle ?

Et la seule réponse valable, la seule durable, c’est celle qui commence par : « ensemble ».

Ensemble, on explique.
Ensemble, on rassure.
Ensemble, on construit le sens de cette transformation.

L’accompagnement au changement, ce n’est pas un mot de consultant.
C’est la condition même d’une transition juste.
Une transition où l’humain n’est pas le rouage d’une machine numérique, mais son horizon, sa finalité, sa raison d’être.

Former pour émanciper, pas pour exécuter

L’IA reconfigure nos métiers. Elle automatise certaines tâches, oui, mais elle libère surtout de l’espace pour l’intelligence humaine.
Ce n’est pas moins d’humain qu’elle appelle — c’est plus d’humain.

Former les agents à comprendre, à interpréter, à accompagner,
c’est leur redonner du pouvoir d’agir.
C’est leur redonner confiance dans leur rôle, dans leur utilité, dans leur place dans la cité.

Et former à l’esprit critique, c’est défendre une idée fondamentale :
celle que l’humain reste souverain dans sa relation au savoir.
L’IA n’a pas de conscience. Elle calcule.
Nous, nous pensons, nous doutons, nous aimons.
Et c’est cela qu’il faut préserver.

L’acculturation : un projet de civilisation

Acculturer à l’IA, ce n’est pas simplement diffuser des compétences.
C’est nourrir une culture, un imaginaire collectif où la technologie n’écrase pas le sens, mais le prolonge.

Le CNFPT, les collectivités, les formateurs : tous ont un rôle à jouer dans cette pédagogie du futur.
Il faut former, oui. Mais surtout, il faut donner envie.
Envie de comprendre, de dialoguer avec la machine, de penser l’avenir ensemble.

Car l’enjeu n’est pas seulement technique : il est démocratique.
Ce que nous faisons de l’IA dira ce que nous voulons faire de notre République.

L’information citoyenne : la confiance comme socle

Aucune transformation n’est durable sans transparence.
Les citoyens doivent savoir pourquoi une collectivité utilise l’IA, comment elle le fait, et pour qui.
C’est une question de confiance, de dignité, de lien social.

Oui, l’IA peut répondre, trier, orienter.
Mais seule la rencontre humaine peut écouter, comprendre, décider avec empathie.
Préserver le contact humain, c’est préserver la République du quotidien.
Celle du guichet, du regard, du sourire, de la parole donnée.

Pour une IA au service du bien commun

L’intelligence artificielle peut servir le repli, la surveillance, la défiance.
Ou elle peut servir l’émancipation, la coopération, la compréhension.
Le choix nous appartient.

Nous devons faire de cette transition un projet politique au sens noble du terme :
un projet qui replace la technologie au service du bien commun,
qui protège la dignité du travail humain,
et qui affirme haut et fort que le progrès n’a de valeur que s’il est au service de tous.

En conclusion

L’IA ne nous vole pas notre humanité.
Elle nous oblige à la réaffirmer.
Et c’est sans doute là, dans ce dialogue entre l’humain et la machine, que se joue l’un des combats les plus décisifs de notre temps :
celui d’une intelligence artificielle… profondément humaine.