L’utilisation des données au cœur de la politique économique
Le rapport de Cédric Villani met en exergue la nécessité du partage des données à l’échelle européenne, ce qui impliquerait notamment une réforme du droit d’auteur pour les rendre plus accessibles à l’analyse. Il souhaite inciter les acteurs économiques à partager leurs données. Des données européennes qui seraient également mieux protégées vis-à-vis de puissances tiers.
La mission souhaite amener les acteurs français du domaine, aussi bien privés que publics, à collaborer et à se fédérer. La qualité des applications pourrait faire l’objet d’une labellisation.
Quatre secteurs de l’économie de l’Intelligence Artificielle ont été jugés comme prioritaires : Mobilité et transports, santé, environnement, défense.
L’intelligence Artificielle pourrait être développée au travers de « plateformes sectorielles de mutualisation » et de « bacs à sable d’innovation ».
Réformer la recherche française
Le rapport Villani propose la création d’instituts 3IA. L’Intelligence Artificielle conjugue en effet plusieurs axes de recherche. Les instituts 3IA seront donc des établissements interdisciplinaires, répartis dans toute la France et coordonnés au niveau national. Le but est de fédérer les acteurs de la recherche et accroître l’offre de formation. L’IA devant traiter des masses de données très importantes, un nouveau supercalculateur verra le jour. Un cloud privé accessible sur forfait au niveau européen complétera ce dispositif. Et pour éviter la fuite des cerveaux, Cédric Villani, préconise de doubler les salaires en début de carrière.
En effet un maître de conférences débutant (bac + 8) et exigence d’excellence, perçoit en France moins de 1800 euros nets par mois et environ 3200€ enfin de carrière après plusieurs dizaines d’années de bons et loyaux services ! En famille, les premières années, il a du mal à boucler ses fins de mois. Des compétences qu’un chercheur peut valoriser à un salaire bien plus important à l’étranger.
Impact sur le travail et l’emploi : Anticiper !
L’intelligence Artificielle va profondément transformer le marché du travail. Le rapport préconise une formation tout au long de la vie pour développer notamment les compétences créatives qui deviennent de plus en plus importantes.
Il convient en effet d’anticiper les effets et préparer la transformation inévitable en favorisant le dialogue social. Les personnes exerçant les métiers les moins qualifiés ou du moins les plus sujets à automatisation, doivent être formées tout au long de leur vie.
Pour une IA plus écologique
Le rapport préconise la création d’une plateforme mesurant l’impact environnemental des équipements numériques intelligents. Cédric Villani affirme : « D’ici 2040, les besoins en espace de stockage mondial, corrélés au développement du numérique et de l’IA, risquent d’excéder la production disponible globale de silicium ». La solution ? Une politique d’innovation « de rupture » dans le domaine des semi-conducteurs afin de les rendre moins gourmands en silicium. Un label permettrait de valoriser les solutions les plus écologiques.
Le rapport préconise de rendre accessibles d’ici fin 2019 dans le cadre de l’Open Data les données touchant à l’agriculture, la météo, l’énergie, les transports, la biodiversité, le climat, la gestion des déchets, le cadastre ou encore la performance énergétique. Certaines données privées pourraient également entrer dans le cadre de cette ouverture.
Définir une éthique
L’IA est fondée sur le Deep Learning. Ce sont des algorithmes complexes d’apprentissage automatique qui conduit la machine à prendre des décisions de façon autonome. Il est éventuellement préoccupant d’avoir une boite noire qui agit à notre place, sans savoir ce qu’il y a dedans ! Il faut donc pouvoir expliquer et détailler les algorithmes d’apprentissage automatique, d’une part et contrôler l’utilisation de certaines données d’autre part.
Il peut s’agir par exemple des données personnelles ou encore génétiques d’un grand nombre de personnes. Le rapport Villani propose la création d’un corps d’experts qui auront capacité à saisir la justice et l’administration. Une garantie indispensable pour le respect de nos libertés et la création d’une IA éthique et citoyenne. Le rapport préconise en outre la création d’un comité d’éthique des technologies numériques, dont les décisions et avis feraient jurisprudence.
C’est pour toutes ces raisons également il faudra enseigner l’éthique aux jeunes ingénieurs. Elle est quasiment absente des enseignements aujourd’hui !
Pour une IA inclusive et diverse
Pourquoi inclusive ? Parce que le constat est clair, l’Intelligence Artificielle, est aujourd’hui beaucoup plus une affaire d’hommes que de femmes. Non seulement cela pose un problème en termes d’égalité, mais également en termes de vision du monde. En effet, l’IA doit conduire à terme à proposer une certaine modélisation du monde. Un monde d’hommes ? A terme, la présence de biais cognitifs essentiellement masculins dans les algorithmes pourrait poser problème.
D’où plusieurs initiatives :
- Une politique incitative pour la mixité. Cédric Villani propose un seuil de 40% d’étudiantes dans les filières d’enseignement du numérique d’ici 2025
- Des financements pour soutenir la diversité dans l’IA.
- Une base de données nationale pour « objectiver les inégalités entre les femmes et les hommes ». Elle permettrait la mise en œuvre d’actions en faveur de la diversité dans les entreprises du numérique.